Jusqu’à présent, le monde est divisé en pays riches, pays pauvres et pays entre-les-deux, qui grimpent péniblement vers la richesse. On ne parle ici que du matériel bien sûr.
À l’origine, il n’y avait pas de pays riches ou pauvres, il n’y avait d’ailleurs pas de « pays ». Il y avait seulement des régions et dans celles-ci des gens, riches ou pauvres. C’est le capitalisme industriel qui a créé à partir du 18e siècle, des nations et des pays, pour avoir un cadre juridique et territorial lui permettant de se développer.
Après une étape d’exploitation sauvage, tant ici que dans les Colonies, qui a permis une première accumulation de richesses, les travailleurs ont relevé la tête et ont commencé à se révolter. Le moyen le plus efficace était la grève ! Un jour sans travail, donc sans production, c’était un trou dans les profits du patron, ce qui était inadmissible pour lui. Pour contrer les grèves on engageait des briseurs de grèves, des « jaunes », travailleurs engagés ailleurs mis au travail sous la protection de la police. L’autre moyen pour obtenir des droits, c’était les manifestations.
La répression a été sauvage à tous les niveaux ! La police ou l’armée n’hésitaient pas à tuer dans les manifestations. Les meneurs étaient déportés dans les bagnes, camps de concentration avant la lettre. Les emprisonnements étaient monnaie courante. Et tous les moyens étaient bons pour casser les révoltes, comme aussi l’infiltration des organisations ouvrières et le fichage des « opposants ». Une vraie dictature, mais sur une seule classe sociale…
Cette révolte qui s’étendait à tous les pays industrialisés, bénéficiait d’une théorie qui lui donnait un sens, une stratégie et une tactique, proposés par des penseurs qui se sont dévoués pour la cause. La première chose à faire c’était de s’unir, car le seul « avantage » qu’avaient les travailleurs dans leur lutte c’était leur nombre.
Comment ces conquêtes ouvrières ont-elles été vécues du côté du patronat ? En fait, l’augmentation de la productivité a été extraordinaire et continue, grâce au savoir-faire et à l’ingéniosité des ouvriers et des ingénieurs. Rappelons-nous qu’au début, chaque clou était forgé et chaque bouteille en verre soufflée pièce par pièce … Quand l’augmentation des bénéfices était devenue suffisamment grande, le patronat acceptait d’en lâcher une partie aux travailleurs. Mais la part qu’ils gardaient restait toujours supérieure à celle qu’ils redistribuaient ! Les dernières conquêtes ouvrières, c’est-à-dire la semaine de 5 jours, les 3 semaines de vacances et la Sécurité sociale, ont permis la société de consommation. Suprême victoire du capital … parce que le salaire supplémentaire retournait au patron sous forme d’achats.
En fin de compte, ces luttes ont tout autant bénéficié au patronat qu’aux travailleurs ! Cela s’appelait le progrès et c’est pour cela qu’il y avait un consensus pour le poursuivre.
C’est donc grâce à ces luttes que nous sommes devenus riches. Et dès que celles-ci se sont arrêtées à partir des années 1980, la pauvreté est revenue. CQFD.
Je ne prône pas un retour de « la gauche », dont le tort a justement été de cesser de lutter. Je veux simplement dire que si on veut changer le monde, comme nos prédécesseurs l’ont fait, il faut 1° savoir ce que l’on veut, 2° savoir comment le réaliser (je préfère dire réaliser plutôt qu’obtenir, qui est une attitude plus passive), 3° passer à l’acte, en s’unissant.
Comme notre devise le dit ANALYSER – IMAGINER - REALISER
Le 11 février 2025
André Vital
Sociodocteur
Vous trouverez ici un texte sur le même sujet paru dans l’édition de 2018
Bravo. Intéressant.