Entre les révoltés et les intellectuels, le point de vue existentiel.
- nouvellerevolution
- 29 mars
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Après avoir assuré un bien-être largement réparti durant les « trente glorieuses »[1], qui ont conjugué une forte croissance économique au sortir de la guerre avec une importante redistribution des richesses arrachée par les syndicats, notre société s’est petit à petit déglinguée. Ceci a été possible grâce à la conjonction du néolibéralisme et du renoncement des partis de gauche, autrement dit les sociaux-démocrates. Hé oui, notre histoire se forge toujours des deux côtés à la fois. Ça s’appelle un « rapport de forces ».
Il y a deux types de réponses à cette situation. La première est la révolte. Des somptueuses révoltes se sont exprimées dans des textes, des poèmes et des chansons. Dans des actes aussi : manifestations, sabotages, ZAD, actions en mer, etc. Toute cette énergie et cette émotion se devaient d’être exprimés ! Mais après ça, il n’y avait pas de programme précis pour concrétiser ces aspirations, seulement des volontés et des désirs.
L’autre réponse a été fournie par des intellectuels qui ont réfléchi, imaginé, calculé, plus ou moins dans le détail, une société future, en se basant toujours sur de solides analyses. Des solutions originales, novatrices, ou traditionnelles peaufinées, ont émergé de toutes ces réflexions et recherches. Mais là il manque souvent quelque chose de réaliste avant : comment y arriver ?
Ces deux approches sont tout à fait respectables et s’inscrivent chacune comme moteurs pour changer la société. Mais entre le « rien (ou peu) après » et le « rien (ou peu) avant », je propose un point de vue qui se situe entre les deux, c’est-à-dire que mon point de départ c’est le présent. Pas le présent des émotions, mais le présent de la vie et de l’emploi du temps. Point de vue pragmatique le plus simple et le plus terre-à-terre possible, qui commence par la question : que voudrais-je faire de ma journée, vraiment faire, et par extension, de ma vie ? Point de vue individuel mais que chacun des habitants de la Terre peut avoir aussi.
En se posant cette question, on se rend compte que ce qui occupe majoritairement notre temps, c’est le travail. Et que celui-ci n’est pas toujours choisi, ni agréable. Disons le carrément c’est souvent de l’exploitation, il mène parfois au burn-out ou alors il n’est pas du tout intéressant … Parfois on peut y trouver un certain intérêt quand même, rien n’est tout à fait noir ou blanc.
Pourquoi personne ne prend ce point de vue ? Trop simple, trop prosaïque, pas prestigieux ? Débuter une réflexion qui va aboutir sur des actions collectives qui vont changer le monde par « Je suis devant ma tasse de café le matin et je me demande si je n’aurais pas mieux à faire que d’aller bosser », ce n’est pas assez glamour ? Pourtant je pense que c’est là que se trouverait une motivation puissante. Au lieu des « c’est scandaleux » et des « yaka ou yakapas », se lever pour agir au lieu de se plaindre, serait un bon début. Mais pour cela, il est indispensable de savoir ce que l’on veut !
[1] Les 3 décennies des années 1950, 60 et 70
J’attends vos retours.
André Vital
vendredi 28 mars 2025
Vous trouverez ici un texte sur le même sujet paru dans l’édition de 2018
Chaque semaine un extrait du livre à la page "Découvertes"
Ce qui empêche beaucoup de personnes d'entrer dans ce genre de réflexions, c'est ce concept culturel d'"épanouissement dans la vie professionnelle"martelé par tous les médias à la solde de cette société déglinguée. Quiconque n'étant pas prêt à remettre en question cette fausse vérité se retrouve déboussolé quand son travail le dépasse.
Signé : Catherine