La fin de la politique.

Non, ce ne sera pas à cause des scandales à répétition, ni de l’incompétence, de l’arrogance ou de la corruption des politiciens, c’est par une évolution naturelle que la politique va mourir de sa belle mort.

Voyons d’abord à quoi sert la politique ?

-      A l’origine, le Prince avait deux fonctions : la justice et la guerre

-      Dans les Cités antiques ou les Villes libres de la Renaissance, des assemblées ou des conseils géraient la cité, en faisant régner l’ordre, la propreté et la salubrité publique, en construisant et entretenant des équipements publics comme des voiries, des ponts, des salles de spectacles ou de sports, la distribution de l’eau, etc.

-      Pour les Nations bourgeoises, dans lesquelles nous vivons encore, l’État, en plus des trois autres fonctions (justice, guerre et gestion) a été institué pour permettre le développement économique, en défendant la propriété privée, en favorisant les transports et les communications, en assurant un enseignement technique, professionnel et universitaire. Grâce au système démocratique, il a ensuite été garant d’une redistribution des richesses vers les travailleurs dont l’aboutissement a été la Sécurité sociale.

Considérant que notre société a terminé son développement, ou autrement dit, que poursuivre son développement ne peut qu’être plus néfaste que bénéfique, cette quatrième fonction, celle du développement, n’est plus utile. Il reste les trois autres … La justice, depuis la séparation des pouvoirs, n’est plus une fonction politique, d’ailleurs le Prince l’a depuis longtemps déléguée à des magistrats spécialisés, même s’il reste toujours le dernier recours. Quant à la guerre, quand il y en a, elle est aussi pratiquée par du personnel spécialisé.

Il reste la fonction de gestion de la cité, ou du pays. A mon avis, point n’est besoin de « politique » pour les exercer ! Rendez-vous compte de tout ce tralala des élections, des partis, de l’argent dépensé, des séries médiatiques avec des milliers de saisons et des rebondissements à n’en plus finir… Quel temps d’antenne pour des choses vides, généralement déconnectées de la réalité et qui se nourrissent d’elles-mêmes ! Tout ça pour qu’en fin de compte, quelqu’un décide si on construit un hôpital ou une école, ou les deux, ou rien parce qu’il y en a déjà assez, ou autre chose. Pour surveiller que l’impôt rentre bien et qu’il n’y ait plus de gens qui dorment dans la rue…

J’imagine que si on supprimait la politique, énormément de personnes compétentes, seraient contentes de se dévouer pour prendre en charge ces responsabilités. Énormément, je suis peut-être optimiste, parce que gérer la cité, une région ou un pays n’est pas une sinécure ! Ce serait contre un salaire convenable et bien mérité, mais sans aucune possibilité d’enrichissement. C’est pourquoi les citoyens leur seront extrêmement reconnaissants, au lieu de les mépriser et de les soupçonner en permanence des pires turpitudes.

D’ailleurs, les politiciens (la plupart d’entre eux) participent eux-mêmes à cette évolution vers leur disparition. Pas à cause des scandales, ni parce qu’ils ne sont pas d’un pureté morale irréprochable, mais parce qu’ils se vident peu à peu de leur substance en se rapprochant plutôt des objets de consommation. Et la presse qui fait mousser en permanence … le vide. Même si c’est un spectacle qui peut passionner certains, demandons-nous à chaque « événement » l’influence que ça a sur notre vie quotidienne.

André Vital

vendredi 4 avril 2025

Vous trouverez ici un texte sur le même sujet paru dans l’édition de 2018

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