Qu’entend-t-on par « travail » ?
- katalinvital
- 21 mars
- 3 min de lecture
C’est un mot qu’on emploie à tout bout de champ, tellement qu’il est incrusté dans nos vies et dans nos esprits. Que ce soit un travail manuel ou intellectuel, une création artistique, une pratique sportive, il y a même le travail bénévole (ce qui est un oxymore ou une contradiction, nous le verrons plus loin). Mais le plus significatif pour moi, c’est d’appeler « travail », les contractions de la femme qui accouche… Même la nature travaille, quand l’eau érode les roches par exemple. Il y en a qui disent que de tous temps, l’homme a travaillé. Nous verrons qu’avant le capitalisme, il s’agissait de tout autre chose.
Je ne vais pas définir ici le travail, mais je vais énoncer ses caractéristiques, qui le différencient clairement de toutes les autres activités humaines, présentes et passées. Elles sont au nombre de quatre, l’ordre n’a pas d’importance.
Il se fait en un lieu et durant des heures déterminées. Au début de l’industrialisation, on enfermait même les ouvriers dans leurs usines qui étaient entourées de hauts murs et avaient des corps de garde aux entrées. Le télétravail a quelque peu érodé ces obligations de lieux et d’heures, mais c’est très significatif d’une des évolutions actuelles du travail : il s’étend partout et tout le temps !
Il se fait pour un autre, patron ou chef. Cette relation est même définie par le statut juridique du travailleur, l’article 1348 du Code civil rendant le parton responsable des dommages causés par ses employés, de même que de ses animaux ou ses enfants. Même les travailleurs indépendants peuvent être considérés d’une certaine manière comme travaillant pour l’État, qui prélève des impôts sur leur travail, les supervise et les soumet à d’innombrables obligations.
La rémunération est doublement différée. La « contrepartie » du travail c’est l’argent. On ne touche son salaire qu’après une certaine période, qu’elle soit hebdomadaire ou mensuelle. De plus, on ne peut en jouir qu’après l’avoir dépensé. On ne profite donc de son travail qu’après attendu et reçu son salaire et puis l’avoir dépensé. Double médiation via l’argent : on le reçoit de l’un et puis on le donne à un autre. On peut aussi le garder ou le placer et ne pas en jouir. Quel genre d’être cela produit-il ?
Le salaire est calculé selon des normes précises. Le premier critère est la qualité que l’on accorde au travailleur ainsi que sa position hiérarchique. Quelqu’un qui aura fait des études universitaires, même s’il fait un travail inutile, sera bien mieux payé que l’éboueur. Le deuxième critère est le temps de travail, qui est compté à la minute près. Le travail sans pointeuse ainsi que le télétravail a seulement permis de travailler plus … Il ne faut pas oublier que les salaires sont calculés pour laisser un maximum de bénéfices au patron ou à l’actionnaire, après négociations avec les travailleurs. Ce qui n’a plus l’air de beaucoup se faire encore. Le salaire des artisans avant le capitalisme était fixé par rapport à l’objet fourni. Les œuvres étaient payées selon des tarifs préétablis. Les heures de travail ou le coût des matières premières n’intervenait pas.
On peut remarquer à la suite de cette énumération, que ces 4 critères se retrouvent dans l’école : les jours et heures, le lieu, l’instit, les diplômes et les points … A quoi sert l’école ?
Tout ceci permet de comparer au non-travail, que j’appelle l’activité. Elle peut se faire partout, quand on veut et autant de temps qu’on veut, il n’y a pas de chef, et la rémunération est immédiate et incalculable.
vendredi 21 mars 2025
André Vital
Vous trouverez ici un texte sur le même sujet paru dans l’édition de 2018
Chaque semaine un extrait du livre à la page "Découvertes"
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